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=======================> M. Pones is GREAT ! (but)
20 février 2008

Lettre imaginaire :: Voyage

Hollywood_wait_me_by_korny_pnk" Ne te souviens-tu pas du jour où j'avais dit que je partirai ? Finalement j'ai choisi l'Angleterre: parce qu'il y fait souvent moche comme en Belgique, et que ce dépaysement m'aurait été plus linguistique que visuel. J'ai bien mis deux heures à me décider, comme s'il s'agissait de prendre un train pour ne jamais revenir sur ses pas, ne jamais revoir l'endroit qui vous a vu naître et grandir. Mes valises ressemblaient à de grandes boîtes à souvenirs, où je fourrais tous les lambeaux de ce qui fut mes joies, peut-être ai-je tâché l'une ou l'autre robe de mes larmes, mais il fallait sûrement que je me laisse aller plus loin que je ne le pensais. J'ai vidé les tiroirs, déversé des sacs entiers sur mon lit, pour retrouver dans tout ce bazar ce qu'il me fallait prendre, ce qu'il fallait laisser derrière moi. C'est en retournant tout ce fouillis que je suis tombée sur la photo, celle de toi et moi dans ce parc qu'on aimait tant, où on laissait nos pensées divaguer entre les feuilles qui bruissaient au vent.

Et bizarrement tu ne me manquais pas. Tu ne m'as jamais manqué. Peut-être parce que j'ai toujours vécu l'illusion de te voir le lendemain. Mais au final, j'avais l'insolence de penser que nous avions tout notre temps, toute la vie.hollywood J'avais fait erreur.

Hollywood_wait_me_by_korny_pnkJ'ai laissé les sandales   dans la commode, finalement, qui pouvait bien porter de tels objets dans un pays si mordu par les averses et la lourdeur du ciel ? J'ai claqué la porte de ma chambre, ai descendu mon palier, chaque pas s'alourdissait, tout essayait en vain de me retenir. Je me suis peut-être posée la question de savoir si mon départ était légitime. Il s'en faut toujours de peu pour changer d'avis, mettre alors la ferveur de vouloir se sentir libre sur le compte de la fatigue, d'un débordement général. Si j'étais restée, je me serai perdue à coup sûr. On se demande toujours comment des gens comme moi, qui avaient tout l'amour du monde, une maison, des études passionnantes, pouvaient au simple déclic, se révéler des personnes extraordinairement convaincues que jamais elles ne seraient heureuses dans la routine de leur vie, dans ce qu'elles connaissent depuis des lustres, depuis les premières cellules qui se divisent pour former l'embryon.

Tout avait un goût de déjà vu, la recherche de renouveau s'essoufflait à mesure que je n'arrivais plus à prendre conscience du désastre. On a tenté de me retenir, par des arguments rancuniers, de rancoeur, méchants, voire attachants, dans l'émotion de circonstance. Mais encore, ils n'avaient pas saisi mon intention. Je ne quittais pas leurs coeurs. Je quittais ce qui me faisais peur, me dégoûtait. Je voulais m'établir là où personne ne me connaissait, me réaliser comme j'avais envie que l'on me voit. Et quel grand bien ce fut !"

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Commentaires
P
Oh j'adore ce post. il est tout mignon!! On dirait le début d'un livre. Ou d'un film!
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  • J'écris, ça me plaît, et vous lisez (en aimant ça) pour vous détendre et passer du bon temps. Une sorte de travail humanitaire à mon échelle où le quotidien se rend compte qu'il est grotesque.
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