LES FILLES QUI M'EMMERDENT ::: CHAPITRE 1
Je ne pense pas que l'on fasse fondamentalement exprès d'être chiantes, lunatiques, maniaques, ou bordéliques. Je ne pense pas que l'on fasse fondamentalement exprès de nous jeter sur le dernier truc à la mode, ni de nous pâmer devant la pub du Nespresso avec le type qui dit "What else ?". Je ne pense pas non plus qu'on fasse fondamentalement exprès de beaucoup parler, rire, ou pleurer, de montrer nos sentiments comme on présente un panier rempli d'un fouillis inconsidéré. On est comme ça.
Mais des fois je me demande si ce n'est pas moi qui suis normale, et les autres filles qui sont dingues.
Il y a le tic de la fille qui s'assume : tout le monde l'aime, mais toi tu la hais. Parce qu'elle est dans la lune, tu lui dis des choses qui ressortent deux secondes après par une autre oreille (ben oui, y en a deux). Et tu ne peux pas compter sur elle. Même si c'est ta super pote, même si elle est géniale.
Il y a la fille complètement perdue : à tendance Emo-gothique, elle te balance du noir sur tout ce qu'elle fait. Ses tenues, ses écrits et ses paroles respirent la suie et l'ennui de vivre. Tout tourne autour du désastre d'exister. Elle ne mange que du bio, regarde Al Gore en boucle, analyse les statistiques des décès de l'année, et n'écoute que du Tokio Hotel. Autant se passer la corde, moi je dis.
Il y a la pétasse : elle pense que tu es obligée de l'aimer, parce qu'elle est géniale, et que décidément, derrière son faux corps, il paraît qu'il se cache une quelconque intelligence. Tu as beau la nier, parce qu'elle n'est pas fréquentable, mais elle te lance de ces regards qui disent en clignotant : "je vais décimer ce que tu es, même si tu ne m'as rien fait". Deux secondes après, elle se tape un dictionnaire sur la tête. De ma part.
Il y a la fille qui est bête : tu reçois 600 fois sa Friend Request sur Facebook, alors qu'à un moment tu te dis qu'elle va enfin arrêter de vouloir être ton amie, vu que tu l'ignores (en appuyant de plus en plus fort sur la souris à chaque fois que tu vois sa tête). Mais ça ne percute pas. C'est le genre qui marche comme un balai, rigole même quand tu ne dis rien, et te demande qu'est-ce que tu penses du temps qu'il fait. Elle t'annonce qu'elle doit aller à des soirées karaoké, et ne branche jamais la conversation sur ta propre vie, puisque par définition, la bête ne sait pas que des autres humains ont un cerveau, et donc une carcasse à trimballer.
Il y a, enfin, les filles qui se disent tes amies proches : tu reçois des appels de centres de Fitness où soit-dit en passant, des anciennes connaissances t'ont rajouté sur leur guest list, genre tu as une réduction suprême parce que la miss passe son temps au Sauna pour se décrasser les pores. Et moi, penaude, je reste le téléphone pendant à mon oreille, bouche bée, je me demande si c'est pas une blague, si on ne veut pas se tarter ma poire...Mais comme l'interlocutrice en profite pour faire un mini sondage, je me dis, que même dans les endroits où on fait du sport, ils ont créé une étiquette : faut emmerder Mona. D'abord la triple andouille me demande ce que j'aimerai changer dans mon corps (RIEN), depuis combien de temps je fais du sport (JAMAIS), et si je suis libre pour venir mardi matin faire une séance de cardio (NON). Puis quoi, j'irai boire un verre avec ceux qui prétendent encore me parler, pitêtre ???
" Mais mademoiselle, elle vous a rajouté dans ses amies proches "
A quoi ça sert, quand on perd les liens, je préfère encore aller vers l'avant, parce que ça me broute de faire comme si tout avait toujours coulé sur la Seine alors qu'on a construit un barrage et fermé les passes de l'amitié. On ne peut pas reprendre des choses qu'on a coupé. J'en suis incapable.
Alors, je veux bien qu'on accepte le fait que je suis une torturée, une foldingue, imprévisible et tapée du ciboulot. Mais je ne veux surtout pas que l'on me traite de stupide, d'incapable, et que l'on me fasse croire des choses qui n'existent pas. Je vais lui faire bouffer son bandeau moi à la fille du fitness. Laquelle ? Celle qui m'a hameçonnée au téléphone, et l'autre qui prétend qu'on s'entend à merveille. Ce n'est jamais trop de deux.
D'ailleurs, quand elle m'a rappelée le lendemain, la pouf du standard, je lui ai dit que j'avais déjà donné, et qu'il fallait arrêter le manège. Je lui ai raccroché au nez, et j'ai été me vautrer dans le canapé, du chocolat dans la main. M'énerve.
Je disais donc, les filles sont chiantes, lunatiques, maniaques, ou bordéliques. Elles emmerdent leurs mecs pour des broutilles, savent exactement ce qu'elles veulent. Elles passent des heures devant le miroir, se tartinent de crème, vont toutes les semaines aux zmagagins. Elles essayent de ne pas avoir l'air idiot avec des talons 8 cm, et envoient des smuz à tout bout de champ.
On ne sait pas d'où ça vient, si c'est génétique, si c'est un problème, si il faut déclencher l'alarme : catastrophe planétaire. Tout ce qu'on sait, c'est qu'il existe deux races de filles. Celles qui sont tapées du crâne, comme l'échantillon du dessus. Et celles qui regardent tout ce carnage d'un air désolé.
Ça me donne mal de tête. D'abord parce que je n'en peux plus de ces bêtes, idiotes, triple andouilles et co, puis parce qu'on ne peut rien y changer.
Je n'ai pas la prétention de dire que je fais partie de la deuxième catégorie, mais j'ai tendance à m'analyser de manière supra-objective, et je constate seulement que je suis quand même loin de faire ce genre de choses tous les jours. Je ne vois pas la vie en noir, je n'envoie pas 1000 fois une friend request (j'en envoie jamais d'ailleurs), et je ne fais pas passer des anciens potes pour des amis proches quand je ne les ai pas vu depuis belle lurette.
Sur ce, je m'en vais mater mes cheveux dans le miroir.