CHeRCHe PiGeOn, l' AUToMNE dEfORme LEs POUCeS
Aujourd'hui, fête du prince de Monaco, on s'en bat les paupières à l'aide d'une patte de mouche polyglote. Quelle misère. Il fait moche, les pies ne piaillent plus dans mon jardin de 70 km², je commence à me jeter dans mes syllabi la mine engourdie par le froid, dix milles couches sur le dos. Même le chauffage n'y change rien, plus je chauffe ma chambre, plus je sens que je me les gèle. Je ne peux pas être malade, pas encore, pas déjà. Non.
Quand j'entre dans le cycle hivernal, je change. Vive la métamorphose, dès qu'il fait moins 5 degrés, j'ai les cheveux qui foncent. C'est la 3ème saison, une étape avant la mienne. Il faut encore que je ressorte tous les gros pulls, que je retrouve les jumeaux de mes gants, parce qu'un vert et un noir c'est limite selon moi. Il y a les tasses qui fument, les couettes en plumes bien rembourrées, les regards vers les fenêtres, rectangles fantômes, plaques de verre embuées. N'importe qui peu le dire. Quand on voit que les feuilles tombent, on devient morose, on s'extasie peut-être un moment devant la couleur incandescente des belles ovales qui voltigent comme des feuilles de papier. Mais on finit par baisser la tête, presser le pas. Le vent nous pousse dans le dos pour nous défier, nous dire qu'il est temps de rentrer. Si l'écharpe s'envole, on abandonne.
Mes plaisirs d'automne sont réguliers : du chocolat chaud, des grosses chaussettes aux pieds, le bout du nez un peu rouge, je survis. Il y aura peut-être la crève, sûrement les rhumes, une mini-grippe et un accès de fièvre. Mais je me capitonne dans ma maison. Mon cocon, mon espace.
Notez qu'il n'est pas bon de laisser le même air se balader toute une journée dans une habitation. Pensez à aérer votre chambre 20 minutes par jour. Renouveler l'expérience aussi souvent que possible. Je vous jure que c'est bénéfique. Puis une pointe de miel dans les boissons qui s'y prêtent.
Tout est bien, couleurs arc-en-ciel, j'ai le prisme dans mes orbites. J'essaye de passer au dessus des flaques boueuses, je sautille, suit les chemins sur la pointe des pieds. C'est vraiment le mois des sales gueules, les gens arrêtent de vivre en novembre, ils sortent le masque de la monotonie, se changent en monstres d'ennui. Alors j'ai décidé de ne pas faire pareil. Même si je cherche mon pigeon, mon double de converse, le capuchon de ma parka, l'amour véritable. Il faut savoir que d'entendre son coeur battre un peu plus chaque minute, c'est gagner ce que nous avons déjà été. Et j'en suis fière.